Conseils pour Guitaristes
(update 11/07/2000)

Merci à Eric B. Barr, pour ses propres points de vue sur la question.

Il y a pratiquement autant de sons de guitare qu'il y a de guitaristes, néanmoins, on peut dresser une liste des généralités, et des problèmes particuliers auxquels on est le plus souvent confronté en studio avec cet instrument.

Conseils d'Ensemble | Guitare Acoustique | Guitare Electrique : l'Ampli | l'Instrument | les Effets


Tout d'abord, parlons du rôle que tiendra la guitare dans vos arrangements :

Le premier conseil que je donnerais serait d'anticiper "l'emplacement" dans le mixage définitif des diverses parties de guitare pour chaque morceau. Dans la plupart des styles musicaux, il vaut mieux qu'il y aie un équilibre des instruments dans la stéréophonie. Grosso-modo : si une guitare joue une partie à gauche de l'espace stéréophonique pendant tout un morceau sans qu'il y aie quoi que ce soit (autre guitare, clavier, bruitage divers, ...) à droite pour rééquilibrer le mix, ce dernier sera, justement... déséquilibré !!!

Moralité : essayez de prévoir les parties (généralement les rythmiques) qui devront être doublées s'il n'y a qu'un guitariste. Cela permettra de placer chaque exemplaire de cette même guitare à chaque extrême de la stéréophonie. Pour les autres parties, petits gimmicks de couplets ou solos (ça se fait encore ???) par exemple, un doublage n'est pas nécessaire.

Si votre formation musicale ('groupe' pour les intimes) comporte deux guitaristes (ou plus !?!?!) alors il n'est normalement pas nécessaire de doubler les parties rythmiques, puisque chaque guitariste peut occuper un côté de l'image stéréophonique.

Quoique... Pour certains styles musicaux * où les guitares tiennent un rôle de 'remplissage extrême', il est souvent intéressant de doubler chaque guitare rythmique, ce qui donne 4 parties rhytmiques dans un groupe comportant 2 guitares ! Pour certains groupes, il n'est pas nécessaire d'avoir recours à cette 'astuce' pour obtenir un 'gros son', il suffit que le son de base de chaque guitariste soit déjà satisfaisant (voir l'Ampli). En plus, c'est bien joli de vouloir tout doubler mais ça prend le double de temps à enregistrer (eh oui ! Pas con !!). Ca prend même plus du double de temps à enregistrer puisqu'il faut rejouer la seconde partie parfaitement calée sur la première, sous peine de voir tout l'avantage de l'astuce s'écrouler. Le son final ne serait pas plus gros ! Il serait plus brouillon !!! A moins d'être un Dieu vivant de la guitare, prévoyez donc tout cela en pré-production.

* appelons les 'métal' pour simplifier. Je n'ai pas envie d'entrer dans le débat consistant à différencier le black-métal-trip-core-indus-doom et le death-métal-hard-core-trance-garage ! Tôt ou tard, j'ai bien peur qu'à force de vouloir sur-classifier les styles musicaux, on se retrouve avec autant voire plus de bacs qu'il n'y a de groupes chez les disquaires !!!)


Guitare Acoustique :

Je préfère me répéter à chaque rubrique que d'oublier de dire que la qualité de l'instrument compte autant que celle du musicien. Ce pourrait être une bonne idée de louer un instrument de bonne facture (bonne lutherie, réglages impeccables), si votre propre guitare sonne comme des élastiques tendus au-dessus de l'ouverture d'une boîte de conserve, avant d'entrer un studio.

Prévoyez quelques jours d'accoutumance à l'instrument, autrement dit : louez quelques jours avant d'entrer en studio.
Il faudra vraiment développer un jeu très propre pour éviter tous les bruits de frottements de corde à chaque changement d'accord. Trop souvent, l'ingénieur du son récupère plus de 'chuintements' que de notes avec ses micros. Et si vous utilisez un capteur (aussi appelé cellule, pour certains), celui-ci captera ces frottements tout aussi bien ! Ce n'est donc pas une échappatoire.
Puisqu'on parle de jeu propre, prévoyez plusieurs types de médiators ('plectres' pour nos confrères belges) avant d'entrer en studio. Souvent, un guitariste habitué à jouer de la guitare électrique avec un médiator de 1 mm utilisera le même pour les parties jouées à l'acoustique. Résultat : ça frise de partout car les cordes sont trop sollicitées par le médiator qui est trop dur. Préférez un médiator de 0,4 mm.
Ca paraît idiot, mais la respiration très lourde adoptée par la plupart des musiciens lorsqu'ils s'appliquent passe très bien dans les micros ! Apprenez à jouer en apnée ! Non, je rigole (quoique !). Là, au moins, le capteur a un avantage, mais il n'a pas un son aussi beau qu'un couple de micros bien positionnés.
Pour les 12-cordes, il peut être intéressant de monter deux cordes à la même octave (avec un des deux jeux à tirant beaucoup plus faible sous peine de voir votre manche adopter une intéressante courbure, quelques secondes avant l'implosion de votre instrument !). Le son reste plein, sans l'effet 'slow à la SCORPION' souvent associé à ce type de guitare.
Prévoir un bottle-neck, on ne sait jamais. Bien qu'une cannette de bière vide puisse faire l'affaire. Ca doit bien se trouver quelque part dans un studio ça !!!
Pour ceux qui utilisent un capteur, utilisez un câble spécial très basse impédance pour guitare et basse, plutôt que le premier jack-jack qui vous tombe sous la main. Ils permettent de faire de longues distances sans que le signal ne "s'essouffle". Prévoir 250 à 300 Fr le câble de 5 mètres. Je sais, je sais, c'est cher : faites des essais, pleurez un bon coup de ne pas avoir su ça plus tôt, et économisez !


Guitare Electrique

L'Ampli :

On devrait d'ailleurs distinguer la tête d'ampli et le corps (qui comporte les haut-parleurs), à moins que vous n'ayez un combo.

Je ne suis pas là pour vanter les mérites de Mesa Boogie, Marshall ou Peavey. Ils ont chacun un son bien particulier, et toujours intéressant. Ce que je ne supporte pas, ce sont les petits 'clics' * que certaines combinaisons Tête d'Ampli/HP provoquent sur les sons saturés. Vérifiez, en tendant bien l'oreille pendant que quelqu'un joue à votre place, que le son saturé est bien 'propre'. Je sais, c'est paradoxal de parler de 'propreté' sur un son saturé, mais ces parasites donnent tout de suite un côté 'minus' au son. Si votre style de musique comporte beaucoup d'accords brutalement étouffés (façon MESHUGGA), ces parasites ne seront pas très agréables pour les auditeurs, puisqu'ils déborderont invariablement dans les trous, et l'ingénieur du son ne pourra pas les retirer efficacement.

* Ca ressemble à quelqu'un qui écraserai des gobelets en plastique à coups de talon lors d'un concert. Maintenant vous voyez surement ce que je veux dire.

Vérifiez aussi que votre corps (boîte où sont fixés les HPs) est dénué de bruits parasites dus à des vis de grille de protection mal fixées, ou tout autre objet qui n'est pas fermement ancré.
Profitez-en pour identifier le Haut-Parleur qui restitue le mieux le son qui vous plait. Ca peut se faire en mettant son oreille tour à tour devant chaque pavillon, mais si vous jouez à des niveaux fulgurants, je déconseillerai cette méthode ! Dans ce cas, placez un micro (type SM 57 Shure) à 5cm d'un HP, plein centre, bien perpendiculaire, et écoutez attentivement le résultat. Demandez à un comparse de le placer alternativement devant chaque HP jusqu'à identifier celui qui vous semble le plus représentatif de ce que vous voulez entendre. Bien entendu, c'est ce même HP que vous conseillerez à l'ingénieur qui s'occupe du placement des micros (l'ingénieur des retours, généralement) de reprendre lors d'un concert !
En ce qui concerne le réglage de l'ampli : N'oubliez pas que le micro sera placé à quelques centimètres d'un des HP (voir plus haut). Un son qui vous semble correctement dosé en aigus et en graves à 3 mètres des HP sera à tous les coups différent une fois repris par le micro. Ne vous étonnez pas si l'ingénieur du son vous demande de modifier ces réglages, il essaie de retrouver le son qui vous plait à 3 mètres, alors que lui le prélève à 10 cm !
Si vous avez un pédalier qui commande des changements de sons dans l'ampli, essayez (lorsque c'est possible dans la tête d'ampli) de conserver un niveau sonore homogène lorsque vous passez d'un son à l'autre. Encore un truc qui éviterait aussi à l'ingénieur du son façade de s'arracher les cheveux lors d'un concert !
Les sorties "line out" des têtes d'ampli ont presque toujours un son immonde, qui peut être intéressant. Il faudra passer par un boîtier DI pour ramener le signal dans les meilleures conditions dans la console.

(en savoir plus sur les DI)
En ce qui concerne les câbles, bien qu'il soit très tentant de prendre le premier cordon Jack-Jack de synthé venu, optez plutôt pour des câbles spéciaux pour guitare et basse, qui ont une très basse impédance. Ils permettent de faire de longues distances sans que le signal ne "s'essouffle" (indispensable en concert !). Prévoir 250 à 300 Fr le câble de 5 mètres. Je sais, je sais, c'est cher : faites des essais, pleurez un bon coup de ne pas avoir su ça plus tôt, et économisez !


Guitare Electrique

L'Instrument :

Accordage : l'idéal serait d'avoir un seul accordeur pour tout le groupe, sur lequel chacun viendra se brancher dès qu'il y a un doute. Ainsi, on évite les erreurs dues à deux accordeurs, voire trois, qui ne sont déjà pas d'accord entre eux (c'est le cas de le dire !!!).
Prévoir DEUX jeux de cordes. On n'est jamais trop prévoyant. Pour les parties rhytmiques, un jeu de cordes tout neuf permet une attaque franche et nette même dans les graves.
Pour ces mêmes parties rythmiques, privilégier un tirant fort, comme du 53, surtout si vous êtes en accordage 'drop' (décalé vers le grave par rapport au Mi). La corde est lourde, elle frise moins, et surtout, elle respecte mieux l'accord car elle plie moins.

Si on n'a pas l'habitude de jouer avec un tel tirant, il s'agit d'une chose à entreprendre bien avant d'entrer en studio, pour ensuite être à l'aise.

Pour les autres parties, y compris les solos, un tirant plus fin conviendra mieux
(du 42 par exemple).


Guitare Electrique

Les Effets :

Comme il n'y a aucune règle concernant le branchement des effets, je me garderai bien de donner des conseils là dessus. Certains guitaristes ont même su trouver un son exceptionnel en transgressant les rares règles qu'on aurait pu tenir comme acquises !
Cependant, beaucoup de guitaristes se demandent comment régler les niveaux d'entrée et de sortie de leurs effets. Bien qu'il n'y ait aucune règle absolue, si votre but est d'avoir un signal propre...

Déjà, il vaut mieux mettre tous les potards de sortie à fond, pour que l'effet suivant ait le maximum de signal possible
(sauf si l'effet suivant sature, même avec un niveau d'entrée très faible, auquel cas on baisserait un peu la sortie de l'effet précédant). Après cela, pour les niveaux d'entrée, il suffit de chercher le niveau maximal avant saturation : vous avez au moins une diode pour cela, le rouge ne devrait jamais s'allumer. Il va sans dire que les mêmes règles s'appliquent aux effets numériques et aux effets analogiques. Tous deux ramènent du souffle en sortie lorsque le signal d'entrée est faible.
Il est préférable de travailler avec des effets qui ont été prévus pour des guitares ou des basses (histoires d'impédances) plutôt que pour une console. Brancher une guitare dans un effet de studio qui n'a pas d'entrée instrument, résulte en un son bardé de souffle, dont il ne reste plus que les médiums !!!!
En ce qui concerne les effets de délai (ou, plus particulièrement, d'écho) ou de réverb, ne pas oublier que les studios disposent généralement d'effets de bien meilleure qualité que ceux d'un rack de guitariste ordinaire. Essayez de noter pour chaque morceau ou passage, lorsque c'est possible (la plupart des pédales d'effet n'ont que des graduations sans chiffres sur leurs potards), les valeurs de délai en milliseconde afin de pouvoir les communiquer rapidement à l'ingénieur du son, s'il estime pouvoir obtenir un meilleur son global en remplaçant une partie de vos effets par les siens.

Maintenant, quoi de mieux pour avoir un son bardé de buzzs, de ronfles et de souffle qu'une guirlande de pédales d'effets.... chacune alimentée par son propre transfo !!!
Pitié pour l'ingénieur : un seul transfo pour tout.

regardez l'ampérage requis par chaque pédale : environ 100 mA pour une pédale analogique (disto, EQ, etc...) et 200 mA pour une pédale numérique (Delay avec sampling, par ex.).
Faites la somme de ces valeurs, et prenez un transfo 230V AC - 9V DC avec un ampère de plus, on ne sait jamais, votre arsenal va peut-être encore prendre du poids !

Ou encore mieux (budget un peu plus conséquent mais jamais votre son n'aura été aussi exempt de bruits bizarres), fonctionnez exclusivement sur piles.

"les piles : y'a q'ça d'vrai !"
(Claude François)


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