Rock-Sound N°70 (Juin 99) PAGE 2 |
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Marc : Vous n'aviez vraiment personne avec vous ? Manu : Ben, on avait un ingé-son mais qui était juste là pour mettre les choses sur bandes. Parfois, quand il allait se coucher, nous, on continuait à enregistrer seuls. Frank : Nous, on a vraiment eu une aide à la production artistique et ça nous a vraiment aidés. Ça nous a vachement canalisés et c'était bien. Parce que ça fusait un maximum entre nous et ça aurait pu partir dans tous les sens. Et puis, c'est bien d'avoir un mec extérieur, qui a le recul que toi tu ne peux pas avoir. Marc : Ouais, Stéphane Kraemer était vachement bien pour ça parce que c'est un ingéson mais en même temps, il sait se mettre dans l'intimité d'un groupe. Avec Pleymo, il a vachement kiffé, il s'est marré avec nous. Mais, en même temps, il ne perdait jamais de vue le boulot : "Hey, reprends ta phrase, elle est fausse !" Ce genre de trucs... Marc : Ouais et ça nous a aidés à aller méga vite. Sinon, en dix jours, on ne s'en serait pas sortis. Et puis, il a fait ça très bien, il n'a pas du tout déformé Pleymo. Manu : A la limite un vrai producteur, il doit même être capable de changer ton arrangement s'il pense qu'il n'est pas carré. C'est ce que font les grands producteurs genre Andy Wallace, qui bossent avec le groupe vachement en amont du travail studio. En Europe, c'est encore à l'arrache, les producteurs et les groupes ne se rencontrent vraiment qu'au moment du studio. Et là, c'est forcément délicat pour un producteur de changer quoi que ce soit... C'est trop tard. Mais les grands producteurs interviennent toujours dans la musique elle-même. Ce sont les Red Hot qui ont fini par avouer que la ligne de basse sur "Give It Away", ce n'est pas Flea mais Rick Rubin qui l'avait trouvée... Marc : Ouais, mais quand ce sont des grands producteurs qui ont fait leurs preuves, c'est plus facile de faire confiance. Moi, Ross Robinson, je lui ferais confiance (rires) ! Quand c'est quelqu'un que tu ne connais pas, en revanche... ![]() Frank : Domaine de prédilection Manu C'est le moment du partage. Le partage avec les gens qui aiment ta musique. Bob : Alors, si en plus les gens connaissent les paroles et chantent avec toi ! C'est trop À chaque fois, maintenant, on est surpris par les gens, c'est l'hallu ! Manu : Depuis le skeud, ça a changé la scène pour nous, c'est clair. Avant, on jouait devant trente personnes qui ne nous connaissaient pas. Maintenant, on joue devant cent, cent cinquante, parfois plus et qui connaissent les titres... Ça change tout ! Ils viennent te voir ! C'est quelque chose... Avant, on jouait vingt minutes et on était crevés. |
Maintenant, on joue une heure et demie, et on en redemande. La scène, ça
galvanise. Les gens, ils te portent. Marc : Surtout la scène en France, ça reste notre radio et notre moyen de promo. Parce que, la crédibilité et la notoriété d'un groupe, c'est par là que ça passe.
Marc : C'est drôle d'ailleurs, les gens sont prêts à admettre la frime et la tchatche du chanteur de Limp Bizkit parce qu'il vient de là-bas mais ils sont impitoyables avec un groupe d'ici. Moi, une fois, j'ai fait le malin en doudoune sur scène, putain, je me suis fait déchirer (rires) ! Bob : Déjà, tu fais un pet de travers à Paris, tout le monde est au courant et dit : "Celui-là, il se la pète grave !" Alors, je me demande où il faut poser l'image et le jeu dans tout ça !? Tout à l'heure, c'est une question que je me posais quand on faisait les photos, je me disais, est-ce que si on fait ci ou ça, les gens vont comprendre ? Bob : Il y a clairement une limite à ne pas dépasser en France. Il y a des choses que les gens ne sont pas prêts à admettre. Je crois qu'il ne faut pas être arrogants, c'est ça la limite. Frank : Mais je crois que l'esprit a changé quand même. Les gens voient bien que ce n'est plus comme autrefois dans le hard rock, où les mecs se la racontaient grave. Aujourd'hui, d'abord, ce n'est plus un chanteur et un guitariste mis en avant. C'est un collectif où tout le monde a la même valeur. Enfin, il me semble... ![]() Marc : Actualité (rires) ! Frank : Ouais, actualité de la nuit (rires) ! Enfin, actualité chez Pleymo, je ne sais pas chez Watcha ! Manu : Là tout de suite, c'est plutôt projet (rires) ! Marc : Ouais, préoccupation permanente en tout cas ! Frank : Ouais, c'est un but quelque part ! Manu : Sexuel et spirituel... Bob : Et musical, tant qu'on y est ! Marc : Ouais, c'est comme l'image qu'on donne ça. Nous, on se fait régulièrement avoir par ça. Parce que le cul, nous, on est assez branchés là-dessus, mais ça coince un peu avec les gens...Ils nous disent : "C'est ringue ! Où ça vous mène ?" Ben, je ne sais pas, c'est juste un délire : le truc rock = cul, ça a toujours existé. Ça va "de paire", si j'ose dire ! Manu : C'est comme la musique, c'est le fantasme, tu as toujours ça chevillé en toi. Même si tu es super straight ! Bob : Et j'y reviens, il y a aussi l'orgasme sur scène, c'est important. C'est peut-être pas le même mais il est violent aussi. |
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