Le Time Code

Dans n'importe quelle production audiovisuelle, qu'il s'agisse d'un film, d'une vidéo ou d'un travail purement audio, la nécessité d'identifier précisément une position sur un support a toujours fait partie du métier. Bien qu'il ait toujours été possible de travailler sans time code, on se simplifie grandement la vie quand on y fait appel.

Le Time Code consiste à représenter des adresses assez précises, en

Heures:Minutes:Secondes:Images exemple : 03:45:12:22


sous diverses formes

Audio : LTC, pour Longitudinal TC Connecteur XLR, Jack, voire RCA !
Vidéo : VITC, pour Vertical Interval TC Connecteur BNC (typique du monde vidéo)
MIDI : MTC, pour MIDI TC Connecteur DIN (celui du MIDI !)
Optique : il y a même moyen d'enregistrer les huit chiffres d'un TC sous formes de code-barres ou de petits points le long des pellicules film ! Connecteurs spécifiques aux fabricants de caméra.

Le Time Code est parfaitement normalisé, depuis 1972, par la SMPTE (Society of Motion Picture & Television engineers) et l'EBU (European Broadcasting Union)



"Pourquoi subdiviser la seconde en images, et non pas en millisecondes ?"

Car c'est pour les besoins de la télévision et du cinéma que le Time Code a été développé. Par la suite, les studios d'enregistrement purement audio ont aussi trouvé cette méthode d'adressage des événements très intéressante (synchronisation de magnétophones, d'automations, etc...), même s'il n'y a pas une seule image vidéo ou film alentours. Depuis ce temps là, lorsqu'on travaille en audio, on subdivise beaucoup plus souvent le temps en "images" ou en "samples" (maintenant que l'audio numérique est aussi chose commune en studio) qu'en "millisecondes".





" le Time Code vient-il se loger sur un support ?"

Il s'agit de distinguer les différents types de supports en 5 catégories :

Magnétophones (analogiques ou numériques)
Magnétoscopes (analogiques ou numériques)
Séquenceurs (et boîtes à rythme)
Direct to Disks
Pellicules film

Sur un magnétophone, prévu pour enregistrer de l'audio, c'est donc une représentation audio des chiffres du TC qu'il faut utiliser : le LTC. Sur les magnétophones analogiques, on utilise généralement la dernière piste (piste 24, sur un magnéto 24 pistes). Sur les magnétophones numériques, une piste à part entière est dédiée à ce signal (sauf sur les formats grand-public).

Sur un
magnétoscope, prévu pour enregistrer de l'image mais aussi de l'audio, c'était au départ du LTC qui était utilisé, sur une des pistes audio du magnétoscope, à la grande tristesse de l'ingénieur du son ! Mais depuis les années 80, deux mini-révolutions ont eu lieu : une piste supplémentaire a été créée pour enregistrer le LTC, et les magnétoscopes enregistrent maintenant aussi le TC dans les lignes invisibles (zone de suppression de trame, ou 'vertical interval blanking') de l'image, ce qui permet de lire le TC en pause. Cette forme de TC s'appelle donc le VITC et coexiste avec la piste LTC. C'est généralement sa version VITC qui est exploitée sur ces machines.

Sur un
séquenceur, prévu pour enregistrer des octets MIDI, il a fallu trouver un moyen d'exprimer les HH:MM:SS:II d'un TC en octets reconnaissables par le langage MIDI. C'est chose faite grâce au MTC. Comme un séquenceur est une machine virtuelle (j'entends par là qu'il n'y a pas de support physique tel une bande qui tourne, c'est juste la RAM qui se vidange à une certaine vitesse), le MTC peut être généré en temps réel, pour être exploité par d'autres machines, ou pour suivre d'autres machines.

Sur un système
Direct to Disk, prévu pour enregistrer de l'audio, de la vidéo et aussi pourquoi pas du MIDI, eh bien.... Tout est possible. Cela dépend de la carte d'entrée/sortie de votre DTD. Les plus professionnels proposeront des connecteurs BNC, en plus de connecteurs XLR et DIN. Un système déjà plus limité proposera seulement des connecteurs XLR (ou Jack 6,35) et DIN. Les plus amateurs ne proposent que des connecteurs DIN (MIDI). Comme un Direct to Disk est aussi une machine virtuelle, le TC (n'importe quel type, voire les trois en même temps) peut être généré en temps réel, pour être exploité par d'autres machines, ou pour suivre d'autres machines.

Sur une caméra film, prévue pour enregistrer de l'image optiquement, ils ont développé des systèmes permettant de codifier les chiffres du TC en code-barre, comme ceux d'une boîte de petits pois (il y a une variante à base de matrice de petits points), ce code-barre venant se coucher le long des images, sur la pellicule.

A droite, le code barre Arriflex.

 

  A gauche, la matrice de l'Aatoncode, avec l'adresse HH:MM:SS en clair.


"L'Heure, la Minute et la Seconde sont des notions de temps universelles, mais qu'en est-il de l'image ?"

Effectivement, il y a 3 grands formats de Time Code, répondant aux besoins des différentes cadences de télévision et de film dans le monde :

Film : 24 images/seconde Pour le cinéma
EBU : 25 i/s Pour la télévision dans les pays où le secteur est à 50 Hz
SMPTE : Aïe ! Pour la télévision dans les pays où le secteur est à 60 Hz

"Pourquoi Aïe ?"

Il y a plusieurs variantes de la cadence SMPTE, pour refléter le problème des différentes fréquences image au sein des formats de télévision basés sur du 60 Hz secteur.

En télévision 60 Hz noir et blanc, on a 30 i/s.

Mais en couleur, chaque image dure un peu plus longtemps que 1/30ème de seconde. On dit qu'on a une cadence de 29,97 i/s.

(en réalité, la cadence exacte est encore plus tarabiscotée : 29,97002617 i/s !!!)

On peut d'ores et déjà distinguer, donc, le SMPTE 30 et le SMPTE 29,97, où chaque image n'a pas exactement la même durée. Mais ça se corse encore un peu...

"On l'attendait celle-là : qu'est-ce qu'un Time Code DF et NDF ?"




"Pourquoi, alors que j'habite en Europe, est-ce que le mot SMPTE est utilisé à toutes les sauces (sur les connecteurs d'entrée/sortie TC, par exemple, ou dans les magasins, lorsqu'on demande conseil à un vendeur) plutôt que les termes adéquats tels que LTC, VITC... En plus de cela, on rencontre rarement du SMPTE ici : on ne travaille qu'en EBU !!!"

Parce que la plupart des gens confondent encore le format (nombre d'i/s) du Time Code (SMPTE, EBU, FILM) et sa représentation électrique (audio/vidéo/MIDI/optique) LTC, VITC, MTC sur le support...

On peut très bien avoir un SMPTE émis sous forme LTC, ou un EBU émis sous forme VITC, ou encore un EBU en LTC, un Time Code FILM (24 i/s) en LTC, un Time Code FILM (24 i/s) en MTC ou VITC... etc... etc...