Méthode Traditionnelle (page 4) |
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L'Exploitation
Le film peut soit faire carrière dans les festivals, où seules
quelques copies seront produites (bien souvent, une seule !), soit faire l'objet
d'une exploitation commerciale, où des centaines (parfois des
milliers) de salles devront disposer de leur copie mardi soir pour la première
projection de mercredi midi.
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Exploitation en double bande |
L'exploitation la plus économique qui soit, c'est la projection en double bande, puisqu'il n'y a aucune autre étape nécessaire que celles que nous avons couvertes dans les pages précédentes. Les festivals sont tous équipés de projecteurs double bande, ainsi que les écoles de cinéma, qui ne peuvent que très rarement financer une copie son optique à leurs étudiants !
Un projecteur double-bande comporte un seul moteur qui entraîne simultanément la pellicule image et son.
Le projectionniste recevra deux bobines : une bobine image et une bobine son.
Normalement, c'est une copie image produite par un labo (un tirage positif du négatif conformé) qui est projetée. Mais il arrive, lorsque le budget du film est vraiment plus bas que terre, que ce soit la copie de travail (!!!) avec tous ses scotches, toutes ses rayures, ses marques de crayon gras tenaces pas entièrement effacées, qui est projetée !
Quant à la bobine son, il peut très bien s'agir de la bande master dont nous avons parlé à la page précédente, ou sinon, par sécurité, une copie de celle-ci.Projecteur double bande
vu du dessus
Le projectionniste a juste à positionner les croix de start en face de la fenêtre de projection pour l'image, et de la tête de lecture magnétique, pour la bobine son, afin d'obtenir une projection en son synchrone.
Ce type de support son, et d'exploitation s'appelle techniquement le son magnétique séparé ("Sepmag" en anglais). Il existe aussi une autre possibilité, l'optique séparé ("Sepopt"), qui sera fréquemment exploité avant les années 50, puisque l'enregistrement magnétique ne sera systématisé qu'au milieu des années 50. Exemple célèbre, la projection de FANTASIA de Walt Disney en 1941 :A l'époque, ce film était projeté en stéréophonie sur 3 canaux (Left / Center / Right), avec un défileur pour l'image et trois défileurs son optique pour les trois canaux son, les quatre défileurs étant synchronisés mécaniquement.
Notons qu'en projection avec son numérique DTS (Digital Theater Sound), comme le son est sur disques magnéto-optique, synchronisés à la pellicule image par un time code couché le long de ses perfos, il s'agit aussi d'une projection de type "sepmag", ou pour être plus précis, "sepmag...néto-optique".
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Exploitation en son optique |
Lorsque le but est de projeter un film dans plusieurs centaines de salles le même jour, il faut autant de copies ! Une exploitation en double bande reviendrait très chère puisqu'il faudrait autant de copies image que de bandes son séparées. La fabrication d'une copie son optique est à ce moment là bien plus intéressante puisque son coût est vite amorti sur le nombre de copies d'exploitation.
La bande master son obtenue à la sortie de l'audi (voir page précédente) est envoyée au labo image, qui va se charger de réunir sur un seul négatif, l'image et le son. Il existe deux possibilités :
l'optique commun ("comopt" en anglais) qui est le grand standard en 35mm, surtout depuis l'apparition du numérique optique.
l'image anamorphosée (comprimée optiquement) est décalée sur la droite pour laisser un peu de place à la double trace optique baptisée LT-RT (Left Total et Right Total). C'est de cette double trace que les 4 canaux du Dolby Stéréo ou du Dolby SR (peu de différence entre ces deux formats) seront extraits par le dématriceur de la salle de projection.
Le magnétique commun ("commag") déjà rare dans les années 80 et 90, sous la forme du 70mm 6-pistes magnétiques.
Pour ce dernier, la copie d'exploitation réunit en un seul tenant, l'image argentique et un couchage magnétique des deux côtés de la pellicule pour le son, ce qui coûte les yeux de la tête à fabriquer.
Les formats de projection son numérique Dolby D et SDDS (Sony Dynamic Digital Sound) entrent aussi dans la catégorie du son "optique commun". Ils font appel à deux principes :
Après un multiplexage de l'information (réunion de tous les canaux en un seul flux d'information), le damier ainsi obtenu est couché entre les perfos pour le Dolby D et à l'extérieur des perfos pour le SDDS.
- pellicules nouvelles génération à grain très fin, offrant une résolution suffisante pour une bonne représentation des petites cases du message binaire (opaques ou translucides = bit 1 ou bit 0). - algorithmes de réduction de débit d'information, permettant d'obtenir un débit en bit/sec raisonnable malgré les nombreux canaux audio (6 ou 8) et les canaux d'informations optionnelles (commandes de verins hydrauliques / sous-titres / etc...)
Notez que le Time Code nécessaire au DTS étant entre la double trace analogique Dolby SR et les perfos, une seule pellicule peut donc être Dolby SR (4.1), Dolby D (5.1), SDDS (7.1) et DTS (5.1).
On distingue à droite en
le bloc de lecture son d'un projecteur 35mm son optique. Je n'insulte pas votre intelligence en vous indiquant où se fait la lecture de l'image.
Le son ne peut être lu au même endroit que l'image car devant la fenêtre de projection, l'image avance par saccades, 24 fois par seconde, ce qui donnerait un son pire que DJ Abdel dans ses meilleurs moments !!!
C'est donc en aval de la lecture image qu'il a été décidé de faire la lecture son. Le labo se charge de ce décalage qui est d'une valeur bien entendu standard pour le monde entier en 35, en 16 et en 70mm.21 images de décalage en 35mm
22,4 images de décalage en 70mmPour ceux qui se demandent ce qu'est la grosse boîte avec le tuyau : c'est dedans que se trouve l'ampoule, et le tuyau c'est pour l'évacuation d'air chaud (ou arrivée d'air froid, jesépu), sinon, ça brûle !!!
Projecteur 35mm son optique
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