Guitare & Claviers N°203 (Jan 99)

Fer de lance de la nouvelle scène metal hexagonale. les Watcha-boys dévoilent à l'Europe leur premier album qui sort chez Lolita Music, jeune label fougueux et ambitieux.

Mené par le charismatique Bob au chant, Watcha écume sans relâche
les salles du pays, déplaçant un nombre croissant de fans. La musique du gang parisien évoque le Korn des débuts ou encore Meshuggah, tout en
apportant un feeling rythmique frais et différent. Rayon six-cordes, Fred et
Manu juxtaposent leurs styles très opposés, habillant les compos d'une
écriture de guitare subtile mélangeant habilement riffs "Godzillas" et
bruitages technoïdes.


Manu : Le groupe existe depuis 95. On a fait pas mal de concerts, jusqu'en
République Tchèque et en Belgique. Nos premières démos ont été faites
dans notre local. Ça nous a permis de rencontrer Laurent Lefebvres
(manager de Loudblast NDR) qui nous a pris en main et nous a aidés à aller
jusqu'à la réalisation d'un premier album.


C'est rare d'entendre un si gros son sur un disque français...


Manu
: L'ingénieur nous suit depuis longtemps sur les concerts. Le son est
un compromis entre sa conception et la nôtre. Chaud et brut, sans trop de
reverb.


Fred : Sa technique nous a beaucoup aidés, mais les choix artistiques sont
les nôtres. On est assez fier de la production de l'album. Même si on n'a
pas réussi à obtenir une largeur stéréo comparable à celle des albums de
Korn.

Comment bossez-vous tous les deux ?


Fred : Au feeling. On n'adhère pas à cette vieille conception rythmique et lead. Parfois on discute pour se répartir la tâche au mieux. Souvent, le squelette des parties provient de jams.


Manu : On est devenus plus minimalistes, la musique a tellement évolué en quatre ansComme tout le monde, on a bossé la technique. Maintenant on bidouille plus les sons pour obtenir une couleur originale. On n'utilise pas de machines, et tous les sons zarbis sont faits avec des grattes. Parfois tu débranches un câble et tu découvres un effet délirant.

Fred : Sur scène, c'est pareil. Sauf que les effets panoramiques sont impossibles à reproduire, car il y a parfois quatre pistes rythmiques sur l'album. On ne sacrifie jamais les gimmick. Tous les petits bruitages doivent être joués. C'est comme un sport. On aime jongler entre les pédales, changer de son sans arrêt. C'est un trip.

Vous avez décroché des contrats d'endorsement...

Fred : On a un deal depuis peu avec ESP. Sinon on a mis des sous de côté pour acheter ce qu'on a, comme cette tête Boogie Rectifier. Keuj va être sponsorisé par Mapex.

Manu : Malheureusement, des marques comme Fender ou Marshall n'ont rien à foutre de petits mecs comme nous. Moi je ne joue que sur Telecaster avec une vieille tête Marshall. Le son est difficile, mais t'as une super réponse. J'ai trafiqué ma Tele moi-même en installant un toggle de Les Paul pour faire des cuts. J'ai trouvé mes pédales à droite à gauche. D'ailleurs, ma Whammy est raide, je vais être en galère (rires).

Ludovic Egraz